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Situation :

A 12 kilomètres d’Agen, Sérignac est située dans la plaine alluviale de la Garonne qui conditionne tellement son existence qu’elle en a pris le nom :Sérignac sur Garonne.
Traversée par de grandes voies de circulation (autoroute, canal de Garonne, future LGV, route des Landes), elle est un carrefour entre l’Agenais et l’Albret et un lieu de passage important pour de nombreux touristes.

clocher tors

Histoire

Le clocher à tambour octogonal fut érigé au 14ème siècle et couvert d’une flèche hélicoïdale dans la deuxième moitié du 16ème siècle.

Faute d’entretien, ce dernier est reconstruit en 1814 et l’église restaurée en 1892. Au lendemain de la guerre 14-18, menaçant de s’écrouler après avoir reçu la foudre, le Conseil municipal de l’époque s’inquiète de sa restauration. La souscription lancée n’ayant rien donné, il décide purement et simplement de le démonter en 1921. En 1922, il est remplacé par une toiture sans caractère, en éverite ou fibro-ciment !!! Alors charpentier apprenti, Léo Poncy participe à l’abattage du bel ouvrage.

 

En 1977, Léo Poncy, compagnon charpentier connu sous le nom de « Agenais l’Enfant du Génie », et Bernard Noury, originaire du village, se rassemblent autour d’un projet de reconstruction du clocher tors. Léo Poncy décède en 1981 et ne verra jamais son souhait se réaliser. Mais Bernard Noury ne désespère pas et c’est avec Louis Dorbessan, un autre compagnon charpentier à la retraite, qu’il relance l’idée. Louis Dorbessan propose des plans, prodigieux de minutie, pour qu’il soit reconstruit à l’identique. Ceux-ci sont validés par l’architecte Donnadieu qui supervisera les travaux. Un nouveau projet voit enfin le jour en 1988.

 

Il faut d’abord démonter le vieux clocher. Les anciennes cloches sont descendues avec précaution. Une fois l’église décoiffée, l’entreprise Marboutin consolide la ceinture qui supportera le nouveau beffroi et le nouveau clocher…. Hélicoïdal.

La flèche est conçue et réalisée par le Compagnon aveyronnais Christian Mouysset. Construite en deux parties (corps principal et clocheton), elle pèse 16 tonnes et mesure 17 mètres. La construction a lieu sur le parvis de l’église où tout un chacun apprécie le travail accompli. « On pensait être revenu au Moyen Age », au temps des bâtisseurs de cathédrales.

Mise en place après de spectaculaires travaux de manutention, elle est la seule en Europe à être construite en lamellé-collé, une technique d’aujourd’hui pour servir les traditions d’hier. Ce matériau offre aussi des garanties supérieures et un coût inférieur. Par exemple, en charpente traditionnelle, le clocher pèserait 38 tonnes. Elle demeure un ouvrage exceptionnel et une prouesse technique que l’on retrouve dans l’ossature composée de 4 arêtiers.

La croix forgée Là aussi, il s’agit d’une œuvre remarquablement exécutée.

 

Le mercredi matin 30 novembre 1988, le beffroi décolle, s’élève puis descend, avant de se poser délicatement dans le grand nid préparé avec soin exprès pour lui. Cette masse de 9 tonnes, suspendue au bout d’un câble, se remue en fait comme un fétu de paille.

La croix fabriquée par Maurice Dousset, artisan forgeron à Sérignac, pèse près de 300 kilos pour 3m70 de hauteur.

Dès 14 heures, vient le tour du clocher. L’évènement est de taille, et aucun Sérignacais n’aurait voulu le manquer. « Vous comprenez on ne verra pas ça deux fois dans notre vie ».

La télévision s’est même déplacée pour filmer l’évènement depuis un hélicoptère, entamant un ballet aérien dans le ciel de Sérignac. Bien sûr, l’œuvre sera complétée par une coiffure adaptée, en ardoise.

Avant de reprendre leur route, les compagnons clouent des liteaux sur le clocher, l’entreprise Bouzigon d’Andiran pose les ardoises.

SERIGNAC ET SON CLOCHER

 

Ballade

Le nouveau clocher du village,

Qui s’élève majestueux

Et domine le voisinage,

Est sommé d’un coq orgueilleux;

Les étrangers sont envieux

De sa spirale qui se dresse,

Comme pour rejoindre les cieux,

Dans un élan plein d’allégresse.

 

Mais ceux qui voient l’ultime page,

N’oublient pas le tocsin joyeux

Mettant fin au conflit sauvage

Que l’autre avait sonné pour eux;

A six cents ans, sans être vieux,

Il devait bercer leur jeunesse

Et célébrer leurs premiers vœux,

Dans un élan plein d’allégresse.

 

Solide, malgré son grand âge,

Il tintait au matin frileux,

Avant que des gens sans courage

Aient abattu le malheureux;

Plus tard, des hommes valeureux,

Fiers d’honorer une promesse,

L’ont reconstruit plus merveilleux,

Dans un élan plein d’allégresse.

 

Envoi

Seigneur que l’on dit généreux,

Permets que ses cloches, sans cesse,

N’annoncent que des jours heureux,

Dans un élan plein d’allégresse.

 

Jean Sérignac

POURQUOI CES CLOCHERS TORS

 

L’origine exacte de ce type de clocher reste nébuleuse.

 

Plusieurs hypothèses s'affrontent quant à l'origine de la torsion :

  •  Construits tors dès l’origine,

- Pour réaliser une prouesse architecturale. Certains disent que les clochers ont été construits ainsi, montrant le savoir des bâtisseurs. Ils seraient nés au cours du 16ème siècle, quand des architectes ont voulu copier les colonnes torsadées de Giulio Romano.

- D’autres y voient une forme volontaire, destinée à affaiblir la pression du vent sur les angles et/ou à assurer la sécurité du reste de l’église en cas d’incendie (le clocher s’effondrerait alors sur la partie opposée au reste de l’église, la préservant ainsi des flammes).

- Depuis quelques années, certains pensent que les clochers tors sont l’œuvre de charpentiers de marine car beaucoup se trouvent à proximité de fleuves où ceux-ci étaient nombreux.

  • Devenus tors au cours du temps.

- Certains, comme Viollet-le-Duc, justifient scientifiquement sa forme considérée comme accidentelle, due à l’attraction lunaire (aluné), altérée par de mauvaises conditions de séchage des pièces de bois utilisées, le manque d’éléments de soutien ou la mauvaise qualité de ceux-ci, voire le croisement de forces telluriques. Il est en effet prouvé que la charpente de certains clochers en vieillissant a bougé.

- Le poids de la couverture, quand il est trop élevé, peut aussi éventuellement faire ployer la base de la structure, provoquant un affaissement de la charpente et vriller le clocher, c’est le cas, semble-t-il, de celui de Chesterfield en Angleterre, qui est couvert de plaques de plomb.

- D’autres pensent que c’est dû à la force des vents

 

On sait qu’il existe 112 clochers tors en Europe dont 68 en France.

Un très grand nombre d’entre eux se trouve rassemblé autour du bassin de la Loire.

Il n’en existe que 5 dans le Sud-Ouest : Saint Jean Baptiste de Barran dans le Gers, Notre Dame de Sérignac en Lot et Garonne, Peyzac en Dordogne, Saint Côme d’Olt et Lagnac Rodelle en Aveyron

LES LEGENDES DU CLOCHER TORS

D’autres voient en l’origine de ces curieux clochers une empreinte mystique et font vivre à ce propos de multiples légendes. Voici deux de ces légendes qui courent depuis des générations dans les rues de Sérignac. De ces histoires qu’on ne se raconte qu’en plein jour, à voix très basse ou le soir au coin de la veillée.

La première histoire raconte que lorsqu'on voulut construire le clocher, par trois fois, les ouvriers virent leurs efforts anéantis. Le maître d’œuvre, Maître Tiburce, consulta une sorcière qui lui apprit qu’il ne pourrait jamais achever la construction de son ouvrage. Lucifer, aimant à se reposer dans ce coin de pays, était sans cesse dérangé par les tintements des cloches de Sérignac durant sa sieste. C'est pourquoi, lorsque la construction s'achevait, il déposait une pierre d'enfer invisible au commun des mortels et si lourde qu'elle écrasait tout l'ouvrage. Maître Tiburce eut alors l’idée de visser le clocher dans le ciel. Ainsi, fut édifiée une énorme vis en pierre avec une croix en son sommet, la pierre ne pouvant plus tomber, le clocher resta en place.

La seconde raconte que Lucifer, de passage en Lot et Garonne, aurait survolé la commune de Sérignac et coincé sa queue longue et pointue, immonde et immense, au sommet du clocher. Pour s'en défaire, le diable tira et tira encore avec ses pattes crochues et à force de tractions s'en libéra enfin, laissant depuis lors le clocher vrillé.

 

Une des pierres gallo-romaines, utilisée pour bâtir le clocher, était sculptée et représentait le dieu grec Pan. Cette pierre fût placée à la base du clocher. Aujourd’hui elle est cachée sous le bardage en ciment.

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